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réjean ducharme

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 9 mai 2020
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 mai 2020

Mais, ce que je n'aime pas, par-dessus tout, c'est l'automobile. Quand nous nous promenons à bicyclette, Chateaugué et moi, elles klaxonnent après nous, comme si nous étions des parias, des indésirables. Nous n'aimons pas que les automobiles aient l'impertinence de nous reprocher, de reprocher à nous : deux êtres humains, notre conduite. Qui est-ce qui fait la loi dans les rues ? L'automobile. On ne peut rien contre elle. Que faire contre une automobile qui a plus de quatre cents chevaux ? Il y a le char d'assaut. Nous y songeons. Un char d'assaut, bien blindé, filant à cent milles à l'heure du mauvais côté de la rue Sainte-Catherine à une heure où les automobiles affluent… Ce serait comme un coup de fusil dans un sac de plumes. Les rues de Montréal se rempliraient de sang d'automobile. On peut être une automobile ou un marcheur. Qui veut être une automobile ? Pensons à Peter Snell, à Michel Jazy. Lever un régiment de francs-tireurs et les poster dans les clochers aux heures d'affluence…


Réjean Ducharme, Le nez qui voque,1967.


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