ramón gómez de la serna (3 juillet 1888 - 13 janvier 1963)
- Le contraire du jeu
- 9 avr. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 déc. 2023
Dar a una piedrecita con el pie y llevarla así siempre adelante, adelante, es algo más trascendental de lo que parece a simple vista… No hay trivialidad que ayude tanto a no ocuparse del camino, de la largura del camino y de los pesadumbrosos pensamientos que surgen en él… Es curioso cómo sucede ese enganche : se encuentra la piedrecita, la cáscara, el bote o lo que sea, ese rabo o ese tacón, se la empuja de frente y se la vuelve a empujar al encontrarla a los pocos pasos y se la vuelve a dar un puntapié, pero cuidando ya más de que no se desvíe, ya con verdadero cariño por ella, hasta llegar a seguir el camino, atraídos por esa avidez del objeto por seguir avanzando… Así nuestra finalidad llega a no tener término y violentos y excitados, quisiéramos un camino interminable para seguir haciendo avanzar nuestra taba ideal a través de este y del otro mundo, como si eso resolviese mejor que nada el objeto de nuestra vida. Yo fundaría con ese único credo la secta de los « tabistas. »
Ramón Gómez de la Serna.
Donner un coup de pied dans un caillou et l'envoyer ainsi en avant, toujours plus loin, est quelque chose de plus transcendantal qu'il n'y paraît à première vue… Aucune manie n'aide autant à oublier le chemin, la longueur du chemin et les pensées obscures qui surgissent… C'est curieux comme se produit cet enchaînement : on trouve le caillou, la coquille, la boîte ou quoi que ce soit, ce machin ou bien ce talon, on le pousse en avant et on le pousse encore jusqu'à le retrouver quelques pas plus loin et on recommence à lui donner un coup de pied, mais en prenant désormais bien soin qu'il ne dévie pas, avec dès lors un peu d'attachement pour lui, jusqu'à pouvoir continuer son chemin, attiré par cette avidité de l'objet à vouloir aller de l'avant… Rendus violents et excités, notre objet n'a pas de fin et nous aimerions que le chemin soit interminable afin de poursuivre notre idéal palet à travers ce monde et l'autre, comme si c'était notre raison de vivre plus qu'aucune autre. Je pourrais avec ce seul credo fonder la secte des « paletistes ».
Trad. J-R Prieto.

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