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nocturne

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 18 mars 2021
  • 1 min de lecture

À Joris-Karl Huysmans


La blême lune allume en la mare qui luit,

Miroir des gloires d'or, un émoi d'incendie.

Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit

Module en mal d'amour sa molle mélodie.


Plus ne vibrent les vents en le mystère vert

Des ramures. La lune a tu leurs voix nocturnes :

Mais à travers le deuil du feuillage entrouvert

Pleuvent les bleus baisers des astres taciturnes.


La vieille volupté de rêver à la mort

À l'entour de la mare endort l'âme des choses.

À peine la forêt parfois fait-elle effort

Sous le frisson furtif de ses métamorphoses.


Chaque feuille s'efface en des brouillards subtils.

Du zénith de l'azur ruisselle la rosée

Dont le cristal s'incruste en perles aux pistils

Des nénuphars flottant sur l'eau fleurdelysée.


Rien n'émane du noir, ni vol, ni vent, ni voix,

Sauf lorsqu'au loin des bois, par soudaines saccades,

Un ruisseau turbulent roule sur les gravois :

L'écho s'émeut alors de l'éclat des cascades.

Stuart Merrill, Les Gammes, 1887.


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