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mare vorax

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 3 mai 2022
  • 1 min de lecture

Je suis venu vers toi, Mer, comme vont tes fleuves

Impétueux et forts, rongeant le frein des rives,

Tes fleuves triomphants dans leurs courses déclives,

Les fleuves souriants et doux où tu t'abreuves ;

Je suis venu noyer mon cœur en tes flots gris,

Mon cœur et ma pensée altière d'insurgé ;

Moi dont le rêve aventureux a voyagé

Confiant vers la gloire acerbe du mépris ;

Ô Mer, je suis venu vers toi, l'Insatiable,

Vers le gouffre oublieux et vers l'immense tombe,

Engloutir mon orgueil en l'abîme où retombe

La buée éphémère au mirage implacable ;

Mer, prends mon cœur, avec ses rêves chers et vains,

Et mon amour futile et son ambition,

Mer, dans l'oubli passif de toute vision,

Je veux errer parmi le deuil de tes grands pins ;

Car, par la plaine ensoleillée et dans l'ivresse,

J'ai marché, radieux de gloire anticipée ;

Mer d'oubli, sois le but de ma folle équipée :

Voici que sombre au large un soleil en détresse...

Francis Vielé-Griffin, Cueille d'avril, 1886.


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