le détour

Mémoire

Une abeille rousse

A logé sa lumière

Dans le sang.

J'ai tressailli sous la déchirure du dard,

Mais rien n'est venu déranger

L'organisation de la ruche.

Les angoissants bourdons pèsent sur la corolle des fuchsias

Dans le jardin d'enfance.

Les semelles se soulèvent et crépitent sur le goudron des routes

L'intelligence vagabonde

Et butine dans les trèfles et les marronniers

Les images de ceux qui furent.

Mais le sang se renouvelle

Et dans le creuset du vieux puits l'ombre n'est plus pareille.

L'eau croupie

Comme le miel

Me prend dans son regard-cyclope.

Jean-Raphaël Prieto, Le détour, 2001.

*

Publié au Printemps 2001, par les soins de Jean-Pierre Paraggio comme dixième cahier de la Collection de l'umbo, Le détour comporte plusieurs images du même qui entrent en dialogue avec huit poèmes.