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henri thomas

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 28 avr. 2020
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 avr. 2020



Poètes.


Je vois chez eux le malaise d'être des suiveurs, alors qu'ils auraient voulu être des précurseurs.

Les suiveurs jouissent ; c'est le bonheur qui les occupe. Ils s'imaginent que le précurseur a seulement connu ce bonheur à un plus haut degré, et qu'ils ne sont séparés de lui que par ce degré de moins en eux, alors que le précurseur avait devant lui un massif inconnu auquel il fallait arracher des images qui n'avaient de sens que pour cet ouvrier isolé. La solitude qui le guettait, contre laquelle il ne pouvait lutter qu'avec sa seule voix toujours en danger de se briser, était véritablement torturante par sa présence perpétuelle. Il ne trouvait aucun soulagement à se retourner vers le connu ; ce qui le rappelait en avant, du côté de la solitude, ne se laissait pas oublier et ne cessait d'éclairer la dérision du monde confortable.


Henri Thomas, Le Porte à faux. Les Éditions de Minuit, 1948.

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