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gerrit kouwenaar

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 7 oct. 2020
  • 1 min de lecture

premier chant


Chante-moi ô muse sur du papier

ligneux d'après-guerre l'hexamétrique râle

des héros


compte-moi des vers les pieds des pages les notes des livres

les jambes artificielles les fauteuils roulants

manchots, embrasse-moi

des très jeunes veuves le duvet, cuisine-moi

le festin de chair d'enfant, lèche-moi

le vomi la verge, roue-moi de coups de paix

pour que je sois l'aveugle qui voit tout


remplis-moi de faim les assiettes à ras bord

que je puisse épeler les tripes avec l'appétit

puis sur papier couché colorer en technicolor

d'après la vérité la vérité en noir et blanc


chante-moi ô muse les fours sous le bandeau de zeus

comme chair les soldats de plomb faisant fondre et offre-moi

le petit verre tremblant la montre waterproof la force

de m'arracher l’œil qui a vu

les poux se carboniser comme des hommes –

Gerrit Kouwenaar, Une odeur de plumes brûlées. Traduit par Jan H. Mysjkin et Pierre Gallissaires. Éditions Comp'Act, 2003.

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