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effet de soir

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 10 mars 2021
  • 1 min de lecture

Cette nuit, au-dessus des quais silencieux,

Plane un calme lugubre et glacial d'automne.

Nul vent. Les becs de gaz en file monotone

Luisent au fond de leur halo, comme des yeux.


Et, dans l'air ouaté de brume, nos voix sourdes

Ont le son des échos qui se meurent, tandis

Que nous allons rêveusement, tout engourdis

Dans l'horreur du soir froid plein de tristesses lourdes.


Comme un flux de métal épais, le fleuve noir

Fait sous le ciel sans lune un clapotis de vagues.

Et maintenant, empli de somnolences vagues,

Je sombre dans un grand et morne nonchaloir.


Avec le souvenir des heures paresseuses

Je sens en moi la peur des lendemains pareils,

Et mon âme voudrait boire les longs sommeils

Et l'oubli léthargique en des eaux guérisseuses.


Mes yeux vont, demi-clos, des becs de gaz trembleurs

Au fleuve où leur lueur fantastique s'immerge,

Et je songe, en voyant fuir le long de la berge

Tous ces reflets tombés dans l'eau comme des pleurs,


Que, dans un coin lointain des cieux mélancoliques,

Peut-être quelque Dieu des temps anciens, hanté

Par l'implacable ennui de son Éternité,

Pleure ces larmes d'or dans les eaux métalliques.


Éphraïm Mikhaël, Œuvres, 1890.


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