antonio gamoneda
- Le contraire du jeu
- 8 juil. 2020
- 1 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 avr. 2023
Je tombe sur des mains
Je ne savais pas encore
que je vivais dans des mains,
mais elles passaient sur mon visage et mon cœur.
Je sentais que la nuit était douce
comme un lait silencieux. Et vaste.
Bien plus vaste que ma vie.
Mère :
tes mains étaient jointes à la nuit.
Voilà pourquoi cette obscurité m’aimait.
Je ne m’en rappelle pas mais cela m’accompagne.
Là où j’existe le plus, dans l’oublié, il y a les mains et la nuit.
Parfois,
lorsque ma tête pend sur la terre
et que je n’en puis plus et que le monde
est vide, l’oubli affleure encore à mon cœur.
Et je m’agenouille
pour respirer sur tes mains.
Je descends
et tu caches mon visage, et je suis petit,
et tes mains sont grandes, et la nuit
vient encore une fois, vient encore une fois.
Cela me repose
d’être un homme, cela me repose d’être un homme.
Antonio Gamoneda, Blues castellano – 1961-1966 y 2004. Traduit par J-R Prieto.
*
Caigo sobre unas manos
Cuando no sabía
aún que yo vivía en unas manos,
ellas pasaban sobre mi rostro y mi corazón.
Yo sentía que la noche era dulce
Como una leche silenciosa. Y grande.
Mucho más grande que mi vida.
Madre :
eran tus manos y la noche juntas.
Por eso aquella oscuridad me amaba.
No lo recuerdo pero está conmigo.
Donde yo existo más, en lo olvidado,
están las manos y la noche.
A veces,
cuando mi cabeza cuelga sobre la tierra
y ya no puedo más y está vacío
el mundo, alguna vez sube el olvido
aún al corazón.
Y me arrodillo
a respirar sobre tus manos.
Bajo
Y tú escondes mi rostro, y soy pequeňo,
Y tus manos son grandes, y la noche
Viene otra vez, viene otra vez.
Descanso
de ser hombre, descanso de ser hombre.
Antonio Gamoneda, Blues castellano – 1961-1966 y 2004.

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