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affiche pour un music-hall

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 9 mars 2021
  • 1 min de lecture

De sa robe rouge,

de ses lèvres trop rouges et sa face trop pâle,

le front doré d'hélianthes,

son corselet de sang éclaboussé de fleurs,

de fleurs-lèvres, de fleurs-parfums, de fleurs-fièvres,

aux doigts un bouquet grêle,

violente,

elle appelle, pourprée comme un soleil blessé,

les passants vers les clowns pâles.


Les clowns pâles qu'on a tant battus,

roulés, fardés, parés, rossés ;

les clowns à la fierté accrue,

car leurs robes brochées d'un jeu de cartes

c'est la chronique de leur vie dès le berceau.

Le dieu Hasard, dans ses hardes,

crève de sa tête folle un cerceau.


Et c'est un pauvre homme, le plus pauvre du monde,

dont on perçoit la face pâle comme de mort

soudaine et de bref supplice ;

tandis que les cuivres et la robe rouge

attirent un peu d'or

de leur appel strident et complice.


Gustave Kahn, Le Livre d'images, 1897.


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