lo que no soy, no fui y no sere
- Le contraire du jeu

- 30 oct.
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Yo soy el cuerdo más loco del mundo y, por lo tanto, soy el antiloco porque veo con clarividencia quiénes son los locos y cómo engañan al mundo, valiéndose entonces del madrugarnos y acusarnos de locura.
Figuraos quién seré que nunca he pensado « tener coche » porque creo que los veloces coches son lo que más ha contribuido a parar la vida. ¡ Yo el único auto que manejo es el de la autoconservación !
A mi me quieren mis lectores porque no digo en mis obras ni «caballico», ni «muchachico» ni otros «icos» por el estilo, ni tampoco he dicho jamás eso de «corrientes migratorias».
Yo nunca recogí píldora caída ni hice nunca un guión de película.
Tampoco me promiscué jamás evitando ese lema del mundo actual : «Promiscuidad y después veremos.»
No hice sufrir al espíritu de los que tienen espíritu con esas crispaciones que produce la mala retórica del amaneramiento y la reiteración, las peores monstruosidades del mundo.
No fui un amargador aunque haya sido un despotricante.
Quizá he hecho velar mucho al mundo, pero las imprentas me lo perdonarán, ya que ayudé algo a que tuviesen trabajo, y los lectores también, porque les prodigué muchos consuelos.
En una inespiritualidad casi absoluta, el género humano ha adquirido un salvajismo cubierto por un fino impermeable de celofán.
Ahora el hombre disgrega en pequeñeces lo que no era pequeño en él.
No se niega a ninguna enfermedad de ambición. Se deja contagiar por todas.
Todo está en situación de «sálvese el que pueda» o «tome el ómnibus que pueda» o «coma lo que pueda».
¿ Que sois felices ? Pues cuidado, que os está esperando la contradicción que no es precisamente la muerte, sino la propia vida que es enemiga de la vida.
El hombre se ha convertido en un cucanda espantoso, y se ha degradado, habiéndose encubierto con la lucha de clases, la más espeluznante lucha de sexos y de otras cosas.
Todos luchan por algo estable cuando ha llegado a ser más inestable la vida y están viviendo una época tan sin alto relieve que es una contraépoca.
La humanidad adquiere cada vez más ideas fijas.
Una generación de bocas de no saber qué hacer ni qué pensar, bocas de haber dormido abiertas.
Regresión de comparsas de carnaval, dos pasos hacia atrás y uno adelante, contoneándose mucho.
Ha sucedido lo peor que podía suceder. Que se ha embarullado la vida.
Es un mundo que hace a la luz del día y del cine lo que antes hacía en la sombra.
Vagabundos con suerte y algún capitalista que a lo mejor cree que así se abroquela mejor.
Ramón Gómez de la Serna, Nuevas páginas de mi vida. (Lo que no dije en mi Automoribundia), Alianza Editorial, Madrid, 1970.
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Ce que je ne suis pas, n'ai pas été, et ne serai pas
Je suis le sage le plus fou du monde, et pourtant je suis l'antifou parce que je distingue avec clairvoyance qui sont les fous et comment ils trompent le monde en se prévalant de nous faire lever tôt et de nous accuser de folie.
Figurez-vous qui je suis pour n'avoir jamais souhaité « avoir une voiture » parce que je crois que les bolides sont ce qui a le plus contribué à arrêter la vie. La seule auto dont je fais usage est l'autoconservation.
Mes lecteurs m'aiment parce que je ne dis jamais dans mes œuvres « p'tit cheval », ni « p'tit gars » et autres « p'tits » pour le style, je n'ai jamais non plus évoqué cette histoire de « courants migratoires ».
Je n'ai jamais ramassé un comprimé tombé à terre ni écrit non plus un scénario pour un film.
Je n'ai jamais socialisé non plus, évitant cette devise du monde actuel : « Promiscuité et après nous verrons ».
Je n'ai pas mis à l'épreuve l'esprit de ceux qui ont de l'esprit avec ces crispations produites par la mauvaise rhétorique du maniérisme et de la répétition, les pires monstruosités du monde.
Je n'ai pas été un empoisonneur bien que j'aie été un déblatéreur.
J'ai sans doute fait veiller beaucoup de monde, mais les imprimeurs me le pardonnent puisque j'ai contribué à leur donner du travail, et les lecteurs aussi puisque je leur ai prodigué bien des consolations.
Dans une absence de spiritualité quasi totale, le genre humain a acquis une sauvagerie recouverte d'un léger imperméable de cellophane.
Maintenant l'homme désagrège en petitesses ce qui n'était pas petit chez lui.
Il ne se refuse à aucune maladie de l'ambition. Il se laisse contaminer par toutes.
Tout se résume à « sauve qui peut » ou « saute dans le bus qui peut » ou « mange ce que peut ».
Vous êtes heureux ? Alors attention car la contrariété qui vous attend n'est pas précisément la mort mais bien plutôt la vie elle-même ennemie de la vie.
L'homme est devenu un épouvantable roublard, et il s'est dégradé, se parant de la lutte des classes, de la plus épouvantable lutte des sexes et d'autres choses.
Tous combattent pour quelque chose de stable quand la vie est devenue plus instable et qu'ils vivent une époque tellement terne qu'elle est une anti-époque.
L'humanité acquiert plus d'idées fixes à chaque fois.
Une génération de bouches qui ne savent que faire ni que penser, des bouches qui ont dormi ouvertes.
Retour de fanfares de Carnaval, deux pas en arrière et un pas en avant, en chaloupant beaucoup.
Le pire est arrivé qui pouvait arriver. La vie s'est embrouillée.
C'est un monde qui fait à la lumière du jour et du cinéma ce qui se faisait avant dans l'ombre.
Vagabonds chanceux et quelque capitaliste qui pense ainsi se mettre à couvert.
Ramón Gómez de la Serna, Nuevas páginas de mi vida. Traduction de J-R Prieto.



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