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la morale négative

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 4 juil. 2020
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 avr. 2023

En période faustienne, il semble présomptueux d'exiger de la morale qu'elle soit autre chose que négative. La seule morale qui soit alors praticable est une morale de contestation, non d'affirmation. C'est la morale qui interrompt le Grand Inquisiteur pour demander : « Au nom de quoi jugez-vous cet homme ? » Au nom de quoi en effet ? Car il serait fâcheux que la moindre équivoque subsiste sur ce point. L'échec des différentes tentatives de fomenter, d'amorcer une morale révolutionnaire, ne signifie pas que la morale bourgeoise ait brillamment résisté à l'épreuve. En fait, il n'y a pas de morale bourgeoise. Il y a une portion très édulcorée de la morale chrétienne, à laquelle la bourgeoisie a daigné accorder droit de cité. Encore ces résidus sont-ils fortement obscurcis par une évaluation arithmétique de l'homme dont elle détermine tous les rapports sociaux. Les embardées abstraites de l'hégélianisme, aussi bien que le nihilisme nietzschéen, ont plus d'une excuse à s'éloigner du réel et de l'humain dès lors que le réel et l'humain sont gouvernés par la seule règle obsessionnelle de l'argent. La bourgeoisie ne voudra jamais admettre ce qui est pourtant la seule vérité à son image : hors de l'argent, point de salut. Un paysan ruiné reste un paysan. Mais un bourgeois ruiné est une épave, un homme damné par les dieux qu'il s'est choisis.


Georges Henein, L'esprit frappeur (Carnets 1940-1973). Éditions Encre, Paris 1980.


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