gueux

Devant le maître suprême, devant l’unique commandant Nous étions tous devenus égaux, Nous étions devenus des personnes égales, c'est-à-dire des zéros. Devant le propriétaire suprême Nous deviendrons tous… des gueux égaux. Pour l’heure, l’un est encore aux yeux de l’autre un « gueux » ou un « pauvre diable » ; mais ensuite c’en est fini de toute appréciation ; Nous serons tous des gueux, et en tant que masse totale de la société communiste Nous pourrions nous appeler « ramassis de gueux ». Lorsque le prolétaire aura réellement fondé sa « société » où toute différence entre riche et pauvre doit être éliminée, il sera gueux, car il tirera vanité du fait d’être gueux ; il pourra faire de « gueux » un titre tout comme la Révolution le fit du mot « bourgeois ». Le gueux est son idéal, nous devons tous devenir des gueux. Tel est au nom de « l’humanité » le deuxième vol fait à ce qui Nous est « personnel ». On dépouille l’individu du commandement et de la propriété ; l’un est pris par l’Etat, l’autre par la société.

Max Stirner, L'Unique et sa propriété.