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les apologistes du travail

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 19 mai 2020
  • 1 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 mars 2023


Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir  –, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême. – Et puis ! Épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille « d'individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers – l'individuum !


Friedrich Nietzsche, Aurore. Traduit par Julien Hervier.


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