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friedrich glauser

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 3 sept. 2020
  • 2 min de lecture

[…] Dès le début j'ai eu ce sentiment : ta patrie c'est la canaille. C'est là qu'est ta place. Je l'ai appris à Presbourg, au fond du cachot. Qu'est-ce qu'on peut y faire ? Maintenant que j'y repense, j'ai pitié de mon père. Par moments, en racontant, j'ai senti ma haine se ranimer, et je l'ai appelé « Monsieur le Directeur »... Mais crois-tu que ce M. Freud, dont on a fait plus tard un professeur, aurait pu m'aider ? Tu parles. Personne ne pourra empêcher l'humanité de se diviser en deux espèces : ceux qui aiment l'ordre, et ceux qui aiment le désordre, le chaos. Et si moi j'y suis chez moi, dans le chaos ? […]


Friedrich Glauser, Morphine. Le Promeneur, 2000.


Friedrich Glauser est né en 1895 et mort en 1938. De séjours en hôpitaux et asiles à deux années dans la légion étrangère, il connut une vie mouvementée qu'il présenta lui-même en ces termes : « Né en 1896 à Vienne de mère autrichienne et de père suisse. Grand-père paternel chercheur d'or en Californie (plaisanterie mise à part), grand-père maternel conseiller de cour (beau mélange non?). École élémentaire, trois ans au Gymnasium de Vienne. Puis trois ans à Glarisegg. Enfin trois autres au collège de Genève. Mis dehors peu avant le baccalauréat parce qu'il avait écrit un article littéraire sur un volume de poésies d'un professeur. Passe l'examen à Zurich. Un semestre de chimie. Puis le dadaïsme. Mon père voulait me faire interner et placer sous tutelle. Fugue à Genève... Interné un an à Müsingen (1919). Fugue, un an à Ascona. Arrêté à cause de la morphine. Renvoyé de l'autre côté. Trois mois à Burghölzhi (contre-expertise parce qu'on avait dit à Genève que j'étais schozophrène). Entre 1921 et 1923, Légion étrangère. »


Tout au long de sa vie, Friedrich Glauser écrivit de nombreux textes courts, où l'expérience vécue affleure plus visiblement encore que dans son œuvre romanesque.Qu'il s'agisse de nouvelles, de confessions franchement autobiographiques, voire de fragments de journal intime, on y retrouve un reflet fidèle de l'expérience tragique de la drogue, de la folie et de la marginalité, mais aussi une vision parfois humoristique de la « grande » histoire ou de la vie quotidienne d'un Européen dans l'entre-deux guerres.

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