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corrida

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 27 avr. 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juin 2023



Un des arguments opposé à la Corrida est que la lutte entre le taureau et le torero n'est pas égale.

... En effet la lutte n'est pas égale. Le taureau n'est pas l'égal de l'homme, il est une brute qui mange de l'herbe, saillit et encorne. Cette race de taureau de combat (le Miura) aurait disparu sans la corrida ; elle ne serait pas élevée pour sa viande. Le taureau vit libre et parcourt de vastes pâturages jusqu'au jour fatidique où il honore l'homme qui honore le taureau et le tue, ou bien le tue… Et c'est ainsi. Quand je dis l'homme, je parle de l'homme vrai, de celui qui met son corps en avant comme le guerrier ; pas un militaire, pas un flic. Le taureau n'est pas élevé en batterie, de manière industrielle, chosifié, enfermé, gavé de merde, mutilé lentement au fur et à mesure des mois… On n'a pas mis un hublot sur le ventre ouvert de la vache qui l'a engendré pour observer l'évolution du fœtus à tout moment. Le taureau, cette masse de muscles, d'os et de tendons se met en mouvement :


  • Poids : presque une tonne (500 à 800 kg),

  • Hauteur au garrot : 1,40 mètre,

  • Périmètre thoracique : 1,80 mètre

  • Cornes : 70 cm de longueur chacune, envergure : 1 mètre,


le taureau charge l'homme qui le reçoit et l'esquive ; qui ne détale pas comme une volaille pour échapper à la charge, qui ne court pas après son bus ou sa balle comme le chien ou le footballeur. L'homme recouvert du sang de la vérité. Le taureau a deux cornes pour l'aine, le poumon, le cœur et parfois l'œil de l'homme, et l'homme a une épée pour le défaut de l'épaule du taureau. Le taureau n'est pas une peluche grotesque, pas une bête suiveuse à tenir dans les bras, et pas non plus une bête aliénée de « compagnie » qui reçoit nos confessions intimes. Face au taureau l'homme est désaliéné, il n'existe pas avec télécommande et véhicule. Le taureau met l'homme à sa juste place, l'homme qui voisine, qui courtise, feint, compose, l'homme qui a besoin d'un porte-parole ou d'un représentant, l'homme qui fait la queue, qui traverse au rouge, l'homme qui paie, l'homme qui vote.

Pas le taureau, ni le matador. Et l'homme lui rend cette justice. Il s'affranchit de la citoyenneté comme le gitan, le brigand et le vagabond.

Le taureau fait trembler le sol, l'homme fait vibrer l'air et touche du doigt l'impossible mort. La nuit embrasse la lumière. La lumière embrase la nuit. Il n'y a pas de compromis.

*

En ces temps d'abus de pouvoir auto-légitimés, de ces types de pouvoirs qui entravent nos puissances, sanctionnés par le vaste processus de consultation qu'est la farce électorale.

En ces temps de violences policières et psychologiques orchestrées par les États et les systèmes financiers et éducatifs.

En ces temps d’empoisonnement de toutes les formes de vie, d’aliénation consommatrice, de perversion des notions de morale, alliés aux entreprises les plus néfastes de profit, de glorification de l'irréel, de mise en échec de l'accomplissement personnel, d'asservissement des peuples et de répression à l'aide d'outils de plus en plus sophistiqués.

En ces temps d'occultation d'un nouveau type de fascisme dont les interventions « musclées » ne sont qu'une mascarade passéiste contribuant à fourvoyer les masses sous consommation de stupéfiantes marchandises qui arrachent aux peuples leur complicité ; il aura fallu, il faut, que quelques députés gauchistes de cette France qui se raconte et se rêve « insoumise » soient éclairés d'une somptueuse idée, tombée sur eux comme la grâce de saint François un matin terne de pointage à l'assemblée nationale, pour élaborer, façonner et déposer à ladite assemblée constituée de ces matamores de la liberté que sont nos représentants du peuple, UN PROJET DE LOI visant à interdire la corrida « aux mineurs de moins de 14 ans ».


Michel Larive, un député de la « France insoumise », un député engraissé des deniers du culte républicain, a porté ce texte, expliquant que sa « motivation principale sont les effets psychologiques néfastes pour les enfants qui assistent aux corridas ».

Il faut donc la sensibilité humaine de quelques députés nourris au bocal des institutions pour s'inquiéter des « effets psychologiques néfastes » subis par des enfants qui évoluent dans un milieu carcéral depuis leur plus tendre enfance (j'ai nommé l'école) entourés des dresseurs les plus ineptes et les plus crétinisés, des valets les plus zélés de cet ordre qui nous tourmente.

Et ceci à travers les poncifs les plus éculés du respect de la vie, mais surtout de la sensiblerie la plus triviale, du type de celle qu'on a sucée aux mamelons rabougris de Brigitte Bardot et autres sauveurs de la planète devenus ministres ou anciens chanteurs de variété gasconne…

Il faut donc une interdiction (une de plus) dont je vous laisse apprécier l'urgence, et une loi (encore) de censure d'un rituel immémorial suivi et pratiqué par la part infime d'une population abrutie, et dirigées contre une catégorie de cette même population sans doute la plus opprimée – j'ai nommé l'enfance.

Il faut que l'ultime manifestation de la beauté et de la dignité humaine, celle qui affronte la force brute sans se départir de sa nature et meurt debout, suscite une volonté d'abolition de la part de ceux qui déclinent savamment les façons de se courber.

Il faut que les feux de la passion qui montre son sang et déchire la peau comme le vêtement de la banalité quotidienne provoquent une fois de plus la volonté d'étouffement du citoyen en bonnet de nuit gavé de la soupe de la bienveillance paternelle.

Il faut que la lumière encore vivante dans son combat symbolique avec les ténèbres soit réduite à néant par un délégué de l'appareil national dévolu à l'interrupteur de la salle, de ceux qui pointent matin et soir à leur fonction après avoir déposé le véhicule au garage, et tout cela au bénéfice des plantes en pot, des bêtes aliénées des appartements étroits des humains aux affections troubles, au bénéfice des poissons en bocal, des zoos instructifs, des espaces naturels protégés, clôturés, quadrillés, où le moindre pollen, la moindre semence poussée par le vent sera bientôt répertoriée, cataloguée, espaces que l'on pourra visiter moyennant finance et désinfection à l'entrée comme à la sortie ; au bénéfice des événements sportifs abrutissants et soumis à la défense des couleurs du haras, au bénéfice des documentaires animaliers des petits écrans et de leurs alertes.

Quelques imbéciles investis de leur mission, volontaires et chevronnés, contribuent et contribueront à la perpétuation de ce qui n'est plus qu'un fantôme de monde.


Je considère au contraire la corrida comme la plus édifiante des manifestations humaines et conseille vivement aux familles de s'y rendre avec leurs enfants dès quatre ou cinq ans afin de les confronter à la beauté vacillante et spectrale de la vie, à l'authenticité du souffle, de la poussière et du sang versé pour la peau et non pour un drapeau.

Il n'y a pas de meilleure école, avec celle de la rue et du combat contre les forces de l'inertie.

Accompagnez vos enfants à une corrida belle comme le dérapage en plein virage longeant le précipice d'une limousine contenant une personnalité officielle ou comme l'incendie d'un bâtiment administratif, crépitant de toutes les joies des documents et des machines réduites en cendres !


J-R Prieto. 2019.

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