communauté

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Aujourd'hui, la société est un organisme dont les cellules sont en voie de dépérissement, une entité spectrale que masque le bon fonctionnement du mécanisme d'aspect organique, composé de pièces extrêmement productives, qui se nomme l'État. Ce mécanisme pourrait atteindre la perfection d'un ordre totalement efficace, son système moteur pourrait égaler celui de l'être vivant d'une manière parfaite : les cellules vont finir par dépérir entièrement. Ce n'est que de l'intérieur, par la régénération du tissu cellulaire, que la guérison et le renouvellement peuvent avoir lieu. Il faut remplir la communauté, sous toutes les formes qu'elle revêt, d'une réalité nouvelle, de cette réalité inscrite dans les relations immédiates, pures et justes entre l'homme et l'homme, entre les hommes ; et cela afin de faire naître, à partir du regroupement de véritables communes, une vraie communauté qui regarderait avec amusement l'engrenage étatique rouillé tomber au rebut, morceau par morceau.

Martin Buber, Communauté. Éditions de l'éclat, 2018.