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claire auzias

  • Photo du rédacteur: Le contraire du jeu
    Le contraire du jeu
  • 22 nov. 2020
  • 2 min de lecture

Claire Auzias, Un fait d'été. The Book Edition, 2020.


A rebours d'une légende dorée que d'aucuns fabulent, nous voici aux rives d'un après-68 cruel, au risque de l'éphémère, sans croquis ni photos, dans l'invention d'une survie hasardeuse et obstinée. Que faire d'un sursis de cinq ans en cour d'assises ? « Fuir là-bas, fuir » et n'en pas revenir.


« Nous n'avions nulle intention de collaborer avec cette mise en scène ».


A la lecture d'Un fait d'été, de Claire Auzias, nous sommes confrontés à un type d'écrit qui défie les genres ; littérature - il en aurait certaines caractéristiques, certaines formules talentueuses - , document, écrit brut authentique comme au réveil d'un sommeil troublé. Mais il s'agit de l'invention d'un genre approprié, et valable uniquement pour ce récit confondant et tragique. Reconstitution comme au réveil d'un rêve qu'il s'agit de recréer sous peine de le laisser s'évanouir dans un oubli pire que la mort, Claire est cependant parfaitement consciente de sa responsabilité d'auteur : « Au lieu d'exploiter une notoriété provinciale de taularde pour me propulser par arrivisme vers des estrades luxuriantes, au contraire, je continuais de me cacher ». Elle nous parle de l'ombre, mais elle prend la parole du haut d'une tribune constituée pour l'occasion avec des moyens justes, authentiques, et face à l'Histoire. Elle s'adresse à un public acquis à la vérité, c'est-à-dire qu'elle lui confère cette dignité, et ceci presque sans reprendre son souffle, de peur qu'il ne lui échappe. Son lecteur se retrouve en apnée face au récit d'une Orphée déchiquetée par une réalité sociale et à un voyage qui a vertu d'épreuve et de sacrifice : « Un sacrifice offert à je ne sais quelle divinité autre que ma destinée, pour marquer mon passage de trépas à la vie ».


« J'apprenais en marchant, je n'ai situé sur une carte que les lieux que j'avais arpentés. Je n'avais aucune capacité d'abstraction. Il me fallait parcourir le monde pour l'adopter, le choisir, en accepter quelque chose ».


La voix de Claire Auzias transperce l'épaisse couche des conventions et d'un mensonge qui continue de s'écrire officiellement tous les jours, pour nous présenter l'incarnation d'une véritable morale humaine.


J-R Prieto.


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