roberto san geroteo
- Le contraire du jeu
- 7 juil. 2022
- 2 min de lecture
Je rêve d'un passé en pleine lumière. Je retrouve cette force qui me vient des morts. Cette sensation de chaleur aux mains et au côté gauche, de brûlure aux yeux cernés d'automne. Et toujours cette impression qu'il s'agit du dernier. Et maintenant, ces arbres, il me faut les voir autrement ; en réalité, je ne peux plus les regarder comme je les ai toujours vus jusqu'à présent. La mort n'est plus très loin à force d'aller fouiller un peu partout dans mon corps et dans celui des autres. En marchant parmi les gens et les feuilles mortes je sens léger le poids de mon corps comme en deçà de l'espace où je survis habituellement. La mort me gagne ou je la regagne ? Alors, tout devient plus simple, plus beau, plus vrai ; et rien d'autre n'a plus d'importance ; pour peu que l'on fasse à temps ce qu'il faut : faire passer ce monde-là dans celui-ci, avant d'emprunter le chemin inverse.
Roberto San Geroteo, El fuego hace su trabajo, Amargord, Madrid 2017.
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Sueño con un pasado a plena luz. Recupero la fuerza que me viene de los muertos. Esta sensación de calor en las manos y en el costado izquierdo, de quemadura en los ojos rodeados de otoño. Y siempre la impresión de que se trata del último. Y ahora, los árboles, me es necesario verlos de otro modo ; en realidad, no puedo ya mirarlos como los he visto hasta ahora. La muerte no está ya muy lejos a fuerza de venir a hurgar por todas partes en mi cuerpo y en el de los demás. Al andar entre la gente y las hojas secas siento ligero el peso de mi cuerpo como por debajo del espacio en que sobrevivo habitualmente. ¿ La muerte me alcanza o regreso yo a ella ? Entonces, todo se vuelve más simple, más bello, más verdadero ; y nada más tiene ya importancia ; por poco que se haga a tiempo lo que es preciso : hacer que aquel mundo entre en este, antes de tomar el camino inverso.
Traduit par Miguel Casado.

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